Message d’une survivante

On a tous survécu au pire…

Voici un texte pour les jours ou tu es submergé.e, ou tu as l’impression de te noyer. De n’arriver à rien, d’être dépassé.e…

Il y a des moments ou c’est vraiment vraiment difficile à gérer toutes ces émotions qui me traversent. Je m’acroche à des visions positives, j’imagine un nouveau monde plus beau, je pense à celleux que j’aime. Je me laisse traverser par cette peur panique qui me prend les tripes…

La fois ou j’ai eu le plus peur dans ma vie, c’était en navigation, entre les Bahamas et les Bermudes.

Petite parenthèse : Pour celleux qui ne me connaissent pas encore, qui n’ont pas lu la page de «  Qui suis-je ? », j’ai navigué pendant 5 ans à bord de mon voilier . Fin de parenthèse !

Tout allait bien et devait bien se passer, en théorie. La météo s’annonçait clémente pour rejoindre les Bermudes. Mais quelques jours après, tout a évolué très vite et je ne l’aie pas vu venir. On avait pas vraiment de quoi avoir des rapports météos, donc bon, tout se jouait au feeling une fois en pleine océan^^

La mer a commencé à se soulever gentillement, avec une bonne houle. Et puis le vent a fini par monter en puissance. Pendant toute la journée. Ça soufflait, soufflait et soufflait encore plus fort. Les vagues sont apparues, ont pris forme, ont grandi, et sont devenues des montagnes. Je me demandais si le vent allait continuer à monter. Dans ce chaos, alors que mon petit voilier de 9,50m était en bas des vagues, je ne voyais plus l’horizon… Par chance, on était deux à bord. Et on pouvait se relayer pour veiller. Car comment un cargo aurait pu nous voir dans cette mer déchaînée !?

Nous avions réussi à communiquer avec un porte conteneurs qui nous a précisé la force du vent : 50 noeuds!!! 50 noeuds, ça fait du 90 kms/h, et c’est situé sur l’échelle de beaufort à 10, soit à deux crans en dessous du stade ouragan…

J’étais fatiguée. J’avais mes règles. Plus aucun courage. J’ai pleuré toutes les larmes de mon corps. J’ai prié, appelé l’Univers pour me protéger. Et j’ai pensé à ma mort. Au début c’était effroyable, j’ai perdu la tête. Et puis, j’ai réussi à me reposer pendant que J. faisait la veille. Et un truc s’est passé. J’ai accepté la situation. Je n’avais de toute façon plus aucun contrôle. Et quitte à mourir, autant que ce soit en paix… Alors j’ai fait la paix… J’ai demandé pardon, je me suis demandé pardon aussi… J’ai remercié pour tout ce que j’avais vécu, et pour toutes les joies vécues, les personnes incroyables rencontrées…

J’ai pensé à ma mère. Beaucoup.

La nuit est passée, lentement, très lentement. Et au petit matin, nous étions toujours là, le bateau n’avait pas chaviré, nous n’avions presque rien de cassé. Seulement un feu de navigation.

Je sentais que le vent se stabilisait. Et petit à petit, il est redescendu. En mer, les vagues mettent toujours plus de temps à se dissiper que le vent. L’océan a une inertie incroyable… J’étais abasourdie, les oreilles qui sifflaient de tout ce brouhaha. Plus tard, nous avons réussi à rejoindre les Bermudes, encore choqués de ces 48h de tourmentes. On nous a appris par la suite que les vagues les plus hautes faisaient 10 mètres de haut…

La tempête arrive, ou elle est déjà carrément là pour certain.e.s.

Rentrez en vous, et voyez tout le bon que le monde possède. Voyez tout le bon que vous avez en vous. Visualisez ce que vous voulez de positif, et voyez la mort comme un passage… Je n’aie aucune leçon à donner, et chacun.e gère comme il peut. Mais n’oubliez pas que votre seul roc, votre seul point d’ancrage, c’est vous même. Personne, ni rien ne peut le faire à votre place. Oui, c’est dur, et les vagues vont certainement être plus hautes dans les jours à venir. Alors, plongez en vous, dans cet endroit où tout peut être calme.

Ça demande de l’entraînement. Utilisez la méditation ou des exercices de respiration. Déconnectez-vous des news, vivez dans l’instant présent, car maintenant il n’y a plus que ça. Et c’est okay d’être submergé par la peur, la panique, l’angoisse.

Seulement, ne vous accrochez pas à ça , mais à vos visions positives – enfants, partenaires, Nature, projets qui vous font du bien, votre respiration, votre corps… Les plus grandes tempêtes sont bien plus souvent intérieures et sont les plus difficiles à appréhender. Avec tout mon amour, Prenez soin de vous… Message d’une survivante, d’une résiliente…

Aude

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