Tisser des liens

Qu’est-ce que cela veut dire « tisser des liens » ?

Permet moi de t’offrir ma vision, et les mots cachés derrière cette aquarelle.

Je perçois l’existence, mon existence, comme une gigantesque toile tissée déparaillée. Il y a de multiples couleurs, tailles de fils, et même parfois, des trous. Les matières sont diverses, entre les fils de coton soyeux, de la grosse laine, quelques fils de jutes plutôt rèches…

Si je regarde cette grande toile de loin, elle ressemble à un tapis vraiment mal travaillé, comme terminée à « la va comme je te pousse », sans compétences aucunes !

Et pourtant… si je m’approche, je vois chaque carré dépareillé comme une œuvre d’art. Chaque carré est soigneusement tissé avec celui d’à côté.

Mieux encore, en regardant attentivement, je comprends que les fils sont le miroir de mes expériences. Certaines douces et éclatantes, d’autres plus sombres et épineuses.

Toutes ces couleurs. Quelle richesse !

Et, surprise, au milieu de ce patchwork, des fils d’or, d’argent, ou de ferraille. Ces fils représentent les liens, tissés et dénoués tout au long de ma vie, avec les gens qui ont croisé ma route.

Je t’invite à fermer les yeux. A imaginer devant toi la splendide œuvre déparaillée de ta vie.

Peux-tu perçevoir les nuances de couleurs ? Comprendre les symboliques des matières qui viennent à toi ? Vois-tu tous ces fils discrets, qui s’enchevêtrent ?

Vois-tu ces fils d’acier brut, rouillés ou cassés ? Et ces fils d’or et d’argent , qui brillent à travers le tissage ?

Imprègne toi de ces motifs, de la grandeur de certaines zones, et relève les plus chatoyants et colorés.

Laisse infuser l’incroyable variétés d’expériences que tu as pu vivre, traverser, subir, et surtout transcender !

Revenons aux liens.

Il y en a des toxiques, des puants, des destructeurs. Mais aussi, il y en a des enrichissants, des beaux, des sincères et des vulnérables. Des soutenants et des encourageants.

Je souhaite à tout et chacun.e d’avoir plus de fils d’or que que fils barbelés dans son tissage. Je sais que ce n’est pourtant pas toujours le cas.

Quand j’observe mon propre tissage, je peux voir une variété de fils d’or, d’argent et de métaux moins précieux.

Certains sont présents depuis bien longtemps. Et toujours aussi brillants.

Certains se perdent dans les étoffes, et disparaissent à un changement de couleur.

Certains sont rouillés, et s’étalent pourtant sur plusieurs années.

D’autres sont récents, mais brillent de milles feux.

D’autres sont très fins, et très discrets, pourtant bien réels.

D’autres sont larges, voyants, impactants…

Pendant longtemps, je ne questionnais pas vraiment la nature du lien qui m’attachait aux autres personnes. C’est très récemment que j’ai effectué cette reflexion.

J’ai été du style à ne pas savoir couper le lien. J’étais franchement dans la peur de la perte. Dire « au revoir » à une amie, un ami, un cousin ou à un parent était proprement effrayant.

J’avais peur du regard de l’autre. Il, elle, va penser que je suis une horrible personne.

J’ai souvent préféré conserver un lien bancal plutôt que de rétablir l’équilibre, ou de couper le lien.

J’ai souvent préféré être entourée de dizaine de personnes avec lesquelles j’entretenais un lien superficiel, plutôt que d’une poignée avec un lien profond.

Je voulais être amie avec tout le monde. Je voulais être aimée de tout le monde que je rencontrais.

Doublé de la peur de la perte, je voulais être la meilleure. Alors, je donnais, donnais, dans l’attente d’un retour. Seulement, dans cette posture, rares sont les fois ou j’étais satisfaite d’une relation. Car quand on aime avec l’attente de l’amour en retour, est-ce bien sain ?

Dans ma passion du relationnel, et de l’Humain, j’accumulais les relations, comme j’accumule les livres. Sauf que les relations polluent parfois. Alors que les livres bien moins !

Je me suis laissée polluer, et j’ai pollué. C’est évident.

J’étais passionnée, passionnante, sincère et loyale, mais aussi étouffante et poussive.

Depuis que j’ai commencé à changer de regard, le chemin a été long, et lent. Cela a commencé à la fin de ma vingtaine…

J’apprécie de m’asseoir devant la tapisserie de mon existence, et d’observer l’évolution des fils dorés.

Comprendre et me remémorer quel genre de lien me reliait à quelle personne. Comment le lien est né, et comment il à évolué. Ce qu’il m’a appris, apporté. Et souvent, pourquoi il est mort.

En effectuant ce cheminement, j’ai compris beaucoup de choses sur ma façon d’être au monde, aux gens. Et cela m’a demandé de faire beaucoup de deuils.

Accepter que parfois, bien malgré soi, le lien se termine. Accepter de couper court à un lien toxique.

Accepter de laisser partir, pour une raison qui me semble juste, ou pour une intuition fugace.

Et remercier, chaque fils d’or, d’argent ou de métal pour la joie, les souvenirs ou l’apprentissage.

Appren-tissage.

Apprendre du tissage que l’on crée avec son entourage. Apprendre, à tisser des liens, dans la joie, l’honnêteté, et l’authenticité.

Je te souhaite un beau voyage , à travers tes propres liens. Puissent-ils être bons et doux comme de la soie. Et fort comme du coton. Parsemés d’or et d’argent.

Avec amour et respect,

Aude Darou

Textes et illustrations non libres de droit. Pour toute utilisation externe, merci de me contacter.

@copyright2022.AudeDarou

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *