Faire face à ses peurs

Dans une autre vie, pas si lointaine, j’ai vécu à bord de mon voilier, et navigué sur l’Océan Atlantique.

Cela a été magnifique, enrichissant. J’ai fais des rencontres extraordinaires, et vu des ciels étoilés à couper le souffle…

Cette expérience a aussi été challengeante, à bien des égards.

J’ai appris à vivre au jour le jour, sans savoir de quoi demain sera exactement fait. Ce qui est déjà un bel exercice pour repousser ses limites. J’ai appris à vivre avec peu d’argent, à avoir confiance que le jour ou j’en aurais besoin, je trouverais du boulot ! J’ai appris à avoir confiance en mon bateau, à travers les tempêtes traversées…

J’ai appris à faire face à un certain nombre de peurs.

Je me suis documentée, pour rationnaliser certaines choses comme : comment survivre en mer si mon mât se casse ? Si je me retrouve dans mon radeau de survie ? Si je me blesse ? Si je suis malade ?

J’ai lu des livres pour apprendre à me préparer mentalement, physiquement, et concrètement.

A bord, il y a avait un « coffre aux trésors », remplis de matériel « au cas ou ! ». Cela allait des bidons d’eau, de la pharmacie avec de la morphine et des antibiotiques, aux sacs d’évacuation avec des hameçons, une radio de secours, des rations de nourriture, des vêtements chauds…

J’ai passé en revue une grande partie des possibilités catastrophiques qui pourraient arriver. Malgré le passage en revue du pire possible, je me sentais confiante, car je savais quoi faire en cas de problèmes.

Alors, j’ai largué les amarres.

J’ai mis en veille toutes ces connaissances pour me concentrer sur la vie au quotidien, et profiter de chaque moment !

En cinq années de vie à bord, il y a eu des tempêtes, des coups de chauds. Mais je n’aies jamais eu à déployer mes savoirs de survie. Tant mieux !!! C’est aujourd’hui une compétence, et ces choses apprises ne sont pas perdues…

Apprendre à faire face à ses peurs, plutôt que de rester dans le déni, est bien plus utile, mais aussi bien plus difficile à faire !

Puis, il y a eu d’autres peurs pendant mes années de voyage. Celle des requins.

Alors, pareil, je me suis renseignée. J’ai lu, demandé, appris. Après cela, j’ai pu nager sereinement. Ou savoir quand il était temps de sortir de l’eau pour éviter les accidents. J’ai même réussi à faire de la plongée de nuit, en étant déçue de ne pas voir un seul requin !!!

Puis, il y a eu une autre peur. Celle des abeilles, guêpes et autres insectes à dards.

Avec le recul, je trouve cela fou d’avoir fait face à toutes ces grandes peurs, d’avoir traversé l’Atlantique, d’avoir croisé des cargos énormes, des tempêtes, des requins… mais d’être toujours terrorisée par une abeille !!!

Il faut dire qu’étant enfant, je me suis faite piquée régulièrement, et cela m’a marqué. Personne ne m’a expliqué comment se comporter intelligemment avec ces insectes.

J’ai eu la chance de rencontrer Leslie, une femme incroyable, qui vit sur une petite île aux Nord des Bahamas. Elle a construit sa maison avec son mari, en totale autonomie. Elle avait un potager fabuleux, et quelques ruches.

Je ne sais plus bien comment j’en suis venue à enfiler une « tenue spéciale ruche », à poser un chapeau sur ma tête garni d’un filet, et de la suivre pour aller observer la ruche. J’étais plus effrayée qu’avant une navigation de nuit ou une plongée sous marine !

Leslie m’a alors expliqué le comportement des abeilles. Les choses à faire, à ne pas faire. Et j’ai compris !

C’était comme avec les requins. Il y a un language par animal. Un comportement spécifique pour certaines situations.

Les requins n’attaquent par sans raisons. Les abeilles ne piquent pas sans raisons.

A nous, Humain.e.s , de décrypter leur language, et d’avoir le comportement approprié.

Devant la ruche, je n’en menais pas large. Une abeille énervée ou apeurée par ma présence, s’est mise à tournoyer autour de la tête en faisant des va et viens rapides. Leslie m’a dit calmement :

« Là, elle défend son territoire, et elle a certainement peur. Tu vas reculer doucement de la zone de la ruche, en gardant ton calme. »

Ce que je fis. Une fois que je m’étais suffisament éloignée, l’abeille s’est calmée, et retourna à ses activités.

Depuis, je ne te dis pas ma fierté d’être capable de rester calme lorsqu’une abeille ou une guêpe vient se poser sur ma main ! Sentir leurs petites pattes sur ma peau, et pouvoir les admirer me fait souvent penser à Leslie.

Quand je regarde toutes ces peurs que j’ai réussi à dépasser, je suis admirative !

Je continue aujourd’hui, à me comporter de la même manière : si j’ai peur de quelque chose : je vais creuser, me renseigner, et décortiquer pourquoi j’ai peur. Essayer de comprendre d’ou vient cette peur. Si je peux mettre des choses en place pour la dépasser.

C’est une des raisons qui fait que je suis devenue doula ! Parce que j’avais peur de la grossesse et de l’accouchement !

Les peurs qui viennent me visiter me servent souvent de gouvernail. Je sais que je suis capable de les traverser !

Les peurs peuvent être des bourreaux, ou des moteurs.

Je te souhaite de pouvoir utiliser tes peurs telles des forces, pour te propulser vers ta meilleure vie.

Pas à pas, devenir plus grand.e et plus fort.e, en faisant face à tes peurs.

Avec amour et respect,

Aude Darou

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